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Écrit par le 17 octobre 2019

NJP : Entretien avec Raphael Saadiq

Jeudi 17 octobre 2019

Entretien avec Raphael Saadiq
Entretien avec Raphael Saadiq (english)

A l’occasion de son concert au festival Nancy Jazz Pulsations le samedi 19 octobre 2019 au Chapiteau de la Pépinière, et quelques semaines après la sortie de son 6ème album solo « Jimmy Lee » – en hommage à son frère décédé d’une overdose – nous avons pu poser quelques questions par téléphone au génie de la Nu Soul, Raphael Saddiq. Son dernier opus contraste nettement avec les précédents, offrant à l’auditeur un voyage plutôt sombre mais toujours groovy. Un grand merci à Julian Colling pour la traduction et à Quentin Poirine pour la voix française.

Tu vas entamé une tournée européenne pour ton nouvel album, Jimmy Lee, j’imagine que tu es impatient…

Je suis impatient, oui, mais la tournée arrive très vite, donc inutile d’être trop impatient.

8 ans se sont écoulés depuis ton dernier album « Stone rollin’ », tu viens juste de sortir ton sixième album solo, en mémoire de Jimmy Lee, ton frère qui est décédé d’une overdose, c’est d’ailleurs un des sujets de l’album, du coup ce n’est pas vraiment un album pour faire la fête mais plutôt pour réfléchir…

Oui, totalement. J’aurais pu partir sur 2 ou 3 directions différentes pour ce 6 ème opus en solo, mais c’est un peu arrivé pendant le process de réalisation de l’album, j’ai commencé à me concentrer davantage sur ces sujets, l’addiction aux drogues – et pas seulement aux drogues d’ailleurs, tous types d’addictions. J’ai alors pensé aux personnes dans mon entourage qui luttaient contre des addictions. L’album a ainsi commencé à faire sens. C’est comme pour mon précédent album : j’avais fait quelques morceaux à la sonorité sixties, qui racontaient un peu des histoires, à l’image des disques de la Motown, de Stax Records… et au fur et à mesure ça a juste fait sens de réaliser un opus entièrement dans cette veine, ça s’est agrégé en moi. Ici, même chose. J’ai donc dédié cet album, pas seulement à mon frère – ce n’est pas seulement à propos de lui même si j’ai pensé à lui à travers plusieurs chansons – mais à des gens que je ne connaissais pas personnellement, ou à un membre de la famille. C’est ce qui m’a semblé juste sur le moment.

Je sais que tu n’as pas chômé ces 8 dernières années, tu as notamment collaboré en tant que producteur et musicien avec Elton John, Solange, Joss Stone, Mary J Blige ou encore John Legend, mais pourquoi ça a été si long d’enregistrer cet album ?

Je voulais prendre mon temps. Bon, peut-être pas aussi longtemps, mais en effet je travaillais déjà beaucoup en tant que producteur pour d’autres ou sur des séries TV comme « Insecure », « Underground » ou le documentaire « Step ». J’étais donc très occupé. Il ne s’agissait pas seulement de moi en tant qu’artiste individuel, je voulais aussi créer d’autres manières d’être créatif.

J’ai lu que tu avais toi même était tenté par la drogue et que tu avais du te battre face à tes propres addictions Les drogues sont un vrai problème dans les villes américaines, mais aussi en France, et même à la campagne. Que voudrais tu dire au jeune qui nous écoutent sur ce sujet ?

Il faut regarder autour de vous. Et réaliser qu’en prenant de la drogue, n’importe laquelle, vous finirez exactement comme cette personne dont vous avez entendu parler, et que si ça l’a détruit, ça vous détruira aussi. Ne soyez juste pas tenté d’en prendre, la fin sera celle-là, car comme on dit à Vegas, la maison (la drogue), l’emporte toujours. Misez sur vous-même, ne misez pas sur la possibilité de ne pas finir emprisonné là-dedans car la plupart du temps, vous finirez prisonniers de la drogue.

Tu as dit dans une autre interview « tout le monde a un Jimmy Lee dans sa vie », mais c’est compliqué de parler de drogue ou d’addiction avec ses proches…

J’imagine que c’est plus dur d’en parler en famille oui, c’est peut-être pour ça que j’en ai parlé à travers ma musique. Et je pense qu’après ça, la famille en a parlé et en parle, moi je n’en ai pas eu l’occasion directement car l’album est sorti si vite… Ma famille découvre seulement maintenant les choses dont je parle dans les chansons.

Sur ton nouvel album tu as invité un vieil ami, Ali Shaheed Muhammad, comment ça s’est passé ?

Ah, il travaille en fait dans mon studio. Il passait par là et a joué un beat aux congas sur un des morceaux. On ne s’en souvenait même plus et on a rigolé car ce n’est pas ce qu’on attendrait de lui généralement sur un disque.

On notera aussi la présence du rappeur Kendrick Lamar et du légendaire guitariste de P-funk Rob Bacon…

Moi et Rob, on avait toujours parlé de faire de la musique ensemble comme celle des Isley Brothers, moi jouant mon rôle (de chanteur) et lui jouant un solo à la Ernie Isley car en vrai on a tous les deux grandi avec la musique d’Ernie Isley. On est tous les deux des grands fans de lui et des Isley Brothers bien sûr. Donc quand j’ai écrit ce morceau, j’ai tout de suite appelé Rob en disant « j’ai ce morceau et je pense que tu pourrais y apporter quelque chose ». Il m’a envoyé en retour un chef d’oeuvre de solo, quelque chose que les gens pourront remarquer puis s’y accrocher, essayer de le jouer pour les musiciens… Quand on était jeune les mecs faisaient des solos de guitare qu’on voulait ensuite apprendre, c’était plus mélodique. Alors on a voulu rendre ça aux gens, un morceau avec un solo de guitare, car on ne voit plus beaucoup ça aux Etats-Unis.

Est-ce qu’il y a des artistes français que tu aimes, peux-etre même que tu suis ?

Difficile à dire à la volée comme ça, j’ai été beaucoup coincé ici à Los Angeles, mais j’ai toujours aimé les artistes français. Je trouve qu’il y a une variété de genres musicaux énorme en France et beaucoup de créativité, car il y a une grosse diversité de population, des gens originaires du monde entier. A l’époque des albums « The Way I See It » et « Stone Rollin’ » j’ai passé beaucoup de temps en France, et pour moi c’est comme une deuxième maison. Je vais m’atteler à écouter tout ça en arrivant en France.

Tu es venu à Nancy il y a quelques années, on t’attendait au NJP l’année dernière mais le concert a été annulé, tu peux nous dire pourquoi ?

Je veux juste m’excuser auprès des personnes qui m’attendaient car j’avais à l’époque un très mauvais staff et j’avais eu de mauvaises informations. Ça n’avait pas pu se faire à cause de diverses « opérations ». Tout est rentré dans l’ordre et je pense qu’on va passer un bon moment.

Entretien réalisé par Simon Attenot


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